AREN 974

AREN 974

Atelier Philo

 extrait de la revue
"Je est un autre"Février 2001

 

Cette pratique est née en 1997, de la rencontre de Jacques Lévine, psychanalyste et fondateur de 1’Association des Groupes de Soutien Au Soutien (AGSAS), et d’Agnès Pautard, enseignante. Elle s’est enracinée dans le tissu enseignant grâce à Dominique Sénore, alors inspecteur de l’Éducation nationale et formateur en IUFM.

Constituant un comité de pilotage, ils ont proposé à des enseignants d’expérimenter cette pratique, et avec eux, ont institué des réunions régulières dans le cadre d’un travail de recherche, tant théorique que pratique, d’abord en région lyonnaise, puis parisienne.

 

 

Les finalités et les fondements théoriques

L'atelier philosophie propose une démarche spécifique qui se démarque d’autres pratiques de philosophie pour enfants (Lipman, Tozzi ...).

Pourquoi la dénomination

“Atelier philosophie” ?

“Atelier” renvoie à sa définition historique : "ensemble des artisans travaillant dans le même lieu" et, depuis la seconde moitié du XXe siècle : "groupe de travail". “Philosophie” renvoie à un "système de réflexion critique sur les problèmes humains de la connaissance et de l'action" ; La philosophie n'est autre chose que l'application de la raison aux différents objets sur lesquels elle peut s'exercer. Des éléments de philosophie doivent donc contenir les principes fondamentaux de toutes les connaissances humaines (D'Alembert).

Il n’est pas question d’apprendre systématiquement à argumenter, à développer des talents d’orateur ou de rhéteur, mais il s’agit de provoquer, chez l’enfant, la découverte qu’il est capable d'émettre des pensées sur les grands problèmes de l'humanité, dans l’immédiat ou à terme.

L’idée de débat est présente dans le projet, mais l’accent est mis en priorité sur une pensée qui se construit en écho, et qui est alimentée autant par le “langage interne” (les pensées intimes de chacun), que par le discours explicite.

La caractéristique de cette pratique originale est le statut particulier donné aux enfants, celui de co-penseurs, d’habitants de la terre engagés dans l’aventure humaine.

Nous définissons l'atelier philosophie comme une expérience de la vie pensante, faite d’une série de découvertes :

-     la découverte du cogito (c'est à dire être à l'origine de sa propre pensée et en prendre conscience),

-     la découverte de l’appartenance à une pensée groupale large et universelle,

-     la découverte des étapes conditionnant la formation rigoureuse des concepts,

-     la découverte du débat d’idées impliquant la prise en compte des ambiguïtés, des incompatibilités, du lien entre le même et le contraire.

Ce sont là des préalables indispensables à l’élaboration de la pensée philosophique, définie comme refus de l’inintelligible, comme défi à l’inintelligible et confiance dans la capacité d’intelligence à rendre intelligible la vie, "la chose" éducative. A ce titre, ces préalables ne sauraient être considérés comme un aspect mineur par rapport à la pensée philosophique présentée en fin de parcours scolaire.

Par la confrontation régulière à des énigmes de la vie, à des questionnements portant sur des valeurs fondamentales, l’enfant, dans le groupe et avec le groupe, accède à un type de réflexion qui n’est plus celui de la pédagogie traditionnelle, mais qui est cependant l’un de ses soubassements insuffisamment utilisés jusqu’ici.

Si on constate des effets, tant dans le domaine des attitudes (statut de sujet responsable, mobilisation, motivation, approche par le vécu de la notion de citoyenneté...), que dans le domaine des apprentissages (langue orale, raisonnement, argumentation...), il ne faut pas renverser les priorités. Cette pratique doit être interprétée comme une étape nécessaire à la construction des individus dans la totalité de leurs dimensions ; elle est un accompagnement indispensable dans le processus évolutif qui mène à la pensée philosophique définie classiquement.

 

 


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